Namgyal -Temple suite

Publié le par AB

 

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Mais comment font-ils?? la pause déjeûner elle aussi était prévue, et offerte au plus grand nombre. Incroyable. Je trouve sur mon chemin vers plus d'espace, en quittant la foule, des seaux, des écuelles, des jarres et des gamelles d'une taille inconcevable ! on rentrerait dedans à plusieurs et debout sans difficultés!  Pas de rituel macabre autour de ça, mais ça peut servir de base à imaginer les enfers chauds décrits dans le Lamrim... Non, plutôt des hectolitres... de Dal évidemment ! et puis du riz encore ! et du piment rouge, un tout petit peu comme ca sur le bord, c'est à dire ici seulement quelques bassines ! je trouve cela vraiment génial.Quelle profusion et en toute modestie de moyens. On mange par terre mais au soleil, et vont et viennent les grands-mères tibétaines qui font la queue pour les toilettes, les enfants qui courent et les moines en prière, encore et toujours. Dans les allées près de l'entrée, au centre du monde de la mendicité faite règle de vie, des moines hinayanistes ( du Petit Véhicule ou Théravada) en orange safran tendent leur bol à offrandes, le regard plongé dans le néant. Autrefois on donnait une part de riz ou un fruit, les billets font office de repas désormais. Ils vont pieds nus d'un pays à l'autre. Les mendiants indiens aussi sont pieds nus, mais leur crâne est bien plus chevelu, leur barbe fournie et parfois habitée...! Un vieil homme sur le côté est aveugle, un autre est amputé. Aujourd'hui il reçoivent du pain tibétain consacré, c'est du luxe.

L'enseignement de l'après-midi entre dans le vif du sujet, et les tibétains s'impatientent. Mes écouteurs ne me servent guère et ne peuvent dépanner d'une seule oreille que deux personnes à la fois. Sa Sainteté, d'humeur mutine aujourd'hui, a décidé de parler en anglais et les traducteurs, bien en peine, font l'inverse de ce pour quoi ils étaient venus : ils tentent de reconvertir en tibétain depuis l'anglais...les radios des européens passent aux mains des tibétains, et je tourne ma dynamo de radio écolo' comme eux, leurs moulins à prières. Rires en langue étrangère... Regards croisés de tous, autant paumés les uns que les autres. Et bien voilà qui est fait ! nous nous comprenons sans mot nous dire, et sommes tous à égalité dans l'imprévu ! C'est franchement le souk mais c'est très frais !

"Quand on est en colère, le sang afflue aux bras pour pouvoir attraper. Quand on éprouve de la peur, il afflue plutôt aux jambes pour pouvoir s'enfuir dans la direction opposée." Voici comment avec de simples illustrations l'enseignement nous apprend que la science contribue à prouver la prééminence de nos émotions sur nos pensées. Ou comment les émotions perturbent jusqu'à nos fonctions cognitives.

D'où l'intérêt de mieux les connaître pour mieux les contrôler, connaître le fonctionnement de l'esprit pour en cultiver la clarté. Savoir de quels réflexes nous sommes faits, et que celui ou celle qui nous fait face dispose des mêmes. Que si nous voulons bien, avec un peu de vigilance appliquée à nos émotions, nous pouvons un peu moins faire appel à notre cerveau reptilien, à la faveur des zones antérieures plus récemment acquises et donc plus évoluees paraît-il. Qu'une fois privés du sein de notre mère, notre capacité d'affection spontanée va diminuant, et qu'une fois devenus vieux nous sommes en quête de tendresse à nouveau. Puisque l'adolescence nous voit affirmer une certaine autonomie nécessaire à notre identité, nous développons du même coup un peu d'agressivité et nous croyons obligés une fois adulte de continuer à combattre l'autre pour sauvegarder notre bien. Nous passons donc le plus clair de notre existence loin de la compassion et de la confiance dont nous dépendons tant aux deux extrêmes de notre vie. CQFD !

Le chérissement de Soi versus celui des Autres, recrute en nous des valeurs animales plus qu'humaines, et nous ne ferions guère mieux qu'un chien si nous ne cherchions qu'à souffrir moins. Tourner notre intérêt vers l'autre, et si nous ne devenons pas Bouddha dans cette vie, vers un mieux pour les vies prochaines, cela seulement serait de dignité d'homme, celui-la même qui voudrait qu'on l'écrive avec un grand H. Voici en substance ce que nous disait le Dalaï-Lama cet après-midi là. Et que l'on soit bouddhiste ou pas, le fait est que l'on ne peut que s'imprégner de cette Sagesse qu'on pourrait appeler aussi Logique, qui sonne comme vérité universelle, dépouillée de decorum ou de contexte politique. On est frappés d'une telle justesse tout à la fois concise et lumineuse.

Nous tentons de faire tous ensembles assis ici des auditeurs convenables. Il faut  trouver la place nécessaire à s'asseoir, réduite des encoches des coudes et des genoux, des sacs ou des chaussures... de tous ces autres qui comme moi espéraient faire se réveiller une empreinte de bonté sous l'impulsion presque maternelle de Sa Sainteté, et qui pourtant bien entendu se bousculent, évidemment se gênent, et finalement, sûrement aussi s'agacent. Le troupeau ne fait pas toujours un, bien moins entraînés sommes-nous que les sardines à faire banc ! Malgré tout cependant les choses restent calmes comme si on n'osait pas vraiment, ici et maintenant, et les voix restent basses. Nous sommes bien mignons...!

Publié dans voyage

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N
<br /> Merci pour le clin d'oeil. Justement, on se demandait avec Pat si elle fonctionnait. Cette radio te permet ainsi de faire de l'exercice au vu de ses longues heures à rester assise ! De partager<br /> avec toi ces enseignements !<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Vi Vi ca marche ! faut changer de bras au bout de 5 min ! et avec un mantra sur la molette, hop ! d'une pierre deux coups ! bises!<br /> <br /> <br /> <br />